Cela fait trois semaines. Je suis vraiment heureuse. J'ai un peu peur aussi. Tomber enceinte a été compliqué. J'ai de nombreux problèmes de santé. Beaucoup d'attentes, d'appréhensions m'habitent.

Dans la méditation, tout ce fourmillement de pensées et d'émotions s'agite encore plus avant de se poser progressivement. Peu à peu, je me calme. Je m'abandonne à moi-même, à la présence. Soudain, je pense à ce poème de Rumi que j'aime tant. "Viens, viens, qui que tu sois viens…" Ce qui s'est passé ensuite a changé ma vie. J'ai senti comme si l'enfant descendait sur moi, entrait en moi.

J'ai toujours été croyante. Toujours cru que l'être humain est plus qu'un corps. Cette expérience m'a surprise, questionnée. Que s'est-il passé à ce moment-là ? Qu'est-ce qui est entré en moi ? Quelle est sa nature ? Pourquoi d'autres femmes ne m'en ont-elles pas parlé ?

De nombreuses spiritualités disent que l'esprit de l'homme s'incarne dans les semaines qui suivent la conception. D'autres disent que l'esprit d'un enfant peut se lier à ses parents avant la conception… Ce jour-là, je me suis rendu compte de mon ignorance totale des processus à l'œuvre pendant la grossesse en dehors de l'évolution physiologique du fœtus.

L'homme n'est pas qu'un corps. Il est aussi énergies, pensées, émotions, il appartient à un environnement, à une famille… tout cela se met en place pendant la grossesse, parfois très vite. Mais quand ? Comment ?

La méditation a accompagné ma grossesse. Quotidienne, elle a jalonné mes neuf mois. Elle a souvent apaisé mes peurs, calmé mes attentes. Elle a éveillé des milliers de questions sur ce que je vivais, sur ce qu'est la vie, sur l'homme, sur la grossesse, sur ce que c'est que transmettre la vie, la grossesse. Elle m'a parfois apporté des réponses. Et surtout donné la chance d'entrer en moi dans cet espace où il n'y a ni question ni réponse, où tout est plein et calme et où rencontrer l'enfant devient possible.